dimanche 6 avril 2008

Hiroshi Hirata - Tueur !

Voilà traduite une oeuvre de 1969 du mangaka Hiroshi Hirata auquel on devait déjà "Satsuma" et "L'âme du Kyudo" chez Delcourt. Profondément ancré dans la culture nippone, "Tueur !" retrace le parcours sanglant d'un samouraï de basse classe, un sans-grade condamné au second rang. Ici ce qui intéresse Hirata c'est cette période charnière d'avant Meiji, la fin du Shogunat de l'époque d'Edo, ce moment où le Japon conclut des accords commerciaux pas toujours évidents et justes avec les Occidentaux, ces années durant lesquelles la société japonaise expose toute sa richesse et en même temps son archaïsme, sa dureté et sa finesse, sa rigidité et ses arts millénaires. Alors, comme il l'avait si bien démontré dans ses précédentes oeuvres traduites en français, Hirata expose une nouvelle fois toute l'absurdité de la société japonaise traditionnelles, qui confond honneur et dévouement avec suicide et idiotie. Hirata interroge le Bushido dans ce qu'il a de moins logique, que ce code, loin de liberer l'âme de ceux qui l'observent les condamnent au contraire à une liberté tronquée, sabordée et assujeties à des suzerains eux-mêmes vassaux de seigneurs, eux-mêmes vassaux du shogun et de l'empereur. Tout ce joli monde se livre bien entendu une guerre d'influence qui conduit le héros de "Tueur !" à devenir une lame dans groupe de samouraïs désirants rétablir l'empereur. Evidemment, Izo Okada (le tueur en question) n'est qu'un pion d'un vaste plan qui ne cherche qu'à remplacer les actuels seigneurs par d'autres seigneurs tout aussi cruels et injustes. Mais la force de ce personnage, c'est sa folie, très bien amenée par l'auteur, celle-ci intervient d'emblée dés l'ouverture de l'album, on y voit un samouraï en guenilles, affamé, fine lame s'excerçant sur les papillons et donnant à qui veut des regards d'outre-tombe. Cette folie si tôt visible va conduire Izo Okada à bouleverser l'ordre établie, il va sabrer pour la cause mais aussi pour son coeur, donnant à voir alors l'absurdité et la vanité de cette rebellion dans l'incohérence absolue des cibles visées. Alors quand tous tombent et que plus rien ne bougent, seul le fou danse encore. Mais ce Japon là ne pouvait se résoudre à tolérer un tel fou.

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