dimanche 18 mai 2008

Part 1



Quand c'est arrivé, en réalité, quand c'est arrivé et que j'ai regardé mes mains, j'ai d'abord cru à quelqu'un d'autre. A qui donc étaient ces mains-là ? Octroyées dans le prolongement de mes bras comme une apparition.

Quand c'est arrivé j'ai repensé à quelques lignes lues chez DeLillo : " nous voulons transcender, nous voulons franchir les limites de la compréhension inoffensive, et quel meilleur moyen d'y parvenir que l'illusion ?" Il y avait d'abord ces mains rouges, si rouges que je devinais qu'une queue fourchue me poussait. Ce diable d'homme c'était moi, l'homme aux mains écarlates et à la queue fourchue. Combien l'illusion eût été préférable alors !

Où sont les drogues lorqu'il vous vient à l'esprit de tuer quelqu'un ? Je recherchais une illusion que je ne pouvais trouver. Le crime était là, face à moi, rouge honte, irréversible même en songe. Et plus je songeais à ce crime et plus il s'étalait là, si parfaitement réel que d'un faux-pas maladroit, il m'eût été possible de glisser sur l'objet de ma soudaine passion, ce que je fîs et me retrouvai par conséquent rouge-honte-sang des pieds à la tête, moi et ces mains qui ne m'appartenaient pas.

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