samedi 28 juin 2008

Demon Fuzz - Afreaka !

Ce groupe anglais des années 70 est inconnu, ne me dîtes pas le contraire. Vous ne savez encore rien de ce funk endiablé, shooté à la new thing et au rock progressif de Canterbury, de ces cuivres sophistiqués, de cette basse classieuse, rythmée bien entendue mais surtout tenue admirablement, elle offre une structure dorée à chaque morceau du disque. Bref, vous ne savez rien de Demon Fuzzet déjà, c'est un tort.

Demon Fuzz est un groupe anglais formé à la fin des années 60 et qui profita indubitablement de l'extension conjointe de labels Stax et Atlantic de par le monde pour bénéficier de la richesse de la production noire-américaine de ces années-là, production qui ne cessera plus jamais après ça. Il y a donc dans Demon Fuzz autant du funk de Cymande et de Funkadelic que de la soul d'Otis Redding ou du rock de Soft Machine. Le grand écart tient à peu de chose, le pas de trop également. Pourtant ici tout fonctionne à merveille, jusqu'à cette reprise incroyable du I put a spell on you de Screamin' Jay Hawkins qui joue quasiment sur le même ring que Nina Simone. Quand je vous disais que ça rigolait pas...

Pour situer le groupe un peu mieux, il s'agit surtout de morceaux instrumentaux, le chant étant reservé aux reprises et aux morceaux de facture plus classique. Les changements de tempo dans un même morceau caractérisent la structure des tracks, de même que des breaks basse/batterie de haute tenue. Mais qu'on se le dise, ce groupe croise autant Jimi Hendrix que Syd Barett ou Georges Clinton, ça vaut le coup d'essayer tout de même.


Et puis merde quoi, cette pochette, un mec torse nu avec une chaussette sur la tête, moi je dis que ça se respecte ça !







Past Present And Future - Demon Fuzz




I Put A Spell On You - Demon Fuzz




Another Country - Demon Fuzz



dimanche 22 juin 2008

Alex Baladi - Baby

Au préable j'avais escompté réaliser un article de fond sur Alex Baladi, un truc un peu fouillé, un peu critique, une sorte d'étude exhaustive, une somme quoi. J'ai eu la flemme. Pourtant j'ai surement tort, beaucoup (tout est relatif, nous sommes d'accord) d'entre vous sont certainement complétement open quant à une information franche concernant Alex Baladi. D'accord mais j'ai la flemme. J'ai juste envie d'en dire trois mots, ce Baby monstreux arrivant maintenant en kiosque, ça justifiait un petit quelque chose.
Jusqu'à présent, j'identifiais clairement trois Baladi : l'un, le plus prolixe, chez Atrabile, donnait à lire des histoires en forme d'hommage aux grands genres de la bande-dessinée. Baladi se frottait aux super-héros ( le superbe Super), aux monstres (le monstrueux Frankenstein encore et toujours ), la SF dérisoire ( le tralalalien Cosmique tralala ), ou bien la série davantage "étude de moeurs" (magnifiques Benny avec en point d'orgue le Mort Disco initial ). Bref, je balisais l'Atrabile de Baladi sans doute faussement comme le plus accéssible à un public indé forgé à l'Association et autre Cornélius. J'avais tort, je vous dirais pourquoi juste après.
Mon deuxième Baladi est un auteur en mouvement, qui recherche graphiquement ce que le dessin peut (pourrait) vraiment dire si on lui laissait la place de le faire. C'est le Baladi de Drozophile ( Meta Maw est plus que conseillé si vous tombez dessus au hasard de l'étalage d'un excellent bouquiniste) ou de chez (les magnifiques gens !) B.ü.L.B. Comix (cherchez donc dans les boîtes de cet étonnant éditeur, vous y trouverez de l'inédit et bien souvent de l'expérience heureuse). Voilà pour ce Baladi expérimental, très arty (il me haïrait je pense de lire ça de lui...) en fait, beau et simplement bluffant.
Mon troisième et dernier Baladi est celui de l'auto-édition, celui des fanzines de festivals, celui qui s'assoit sans risque sur 30 ans d'underground entâmé chez Crumb et consors. Ce Baladi là a une production de malade, souvent trouvable sur le web d'ailleurs, cherchez donc du côté de chez http://www.diogene.ch/sommaire.php3.
Et voilà qu'alrs que je regroupais ses production made in Atrabile avec celle de La Cafetière et de chez l'Association (lisez donc l'histoire de la balafre dans la collection Patte de mouche) je tombais sur ce dernier Baby, bouquin dont la facture ressemble à s'y méprendre à un Drozophile, une espèce d'objet incongru, coincé entre l'expérimentation graphique simple et celle plus complexe de la lecture de rêves, comme si l'écriture automatique avait conditionné la création de ce livre. J'ignore pour le moment s'il y a quelque chose à comprendre à ce bouquin, il s'en dégage un malaise palpable, que l'on s'attarde sur cet enfant-poupée ou bien sur cet Baladi qui rêve qu'il est une clubbeuse délurée. J'ignore le fond de ces choses, j'ai l'intuition qu'elle parlent beaucoup de l'auteur et de ses névroses, les mêmes motifs s'y retrouvent encore et toujours : je pense à la mendicité, l'ivresse ou du moins la perte de sens, l'enfance trompeuse et trompée et bien d'autres thèmes qu'il me faudrait creuser encore, mais comme je le disais plus haut, j'ai la flemme.
Lorsque j'évoquais Baladi comme faussement accessible à un public indé, je pensais à ses précédentes productions chez l'Association, très abordables, et ce Baby maintenant qui fracasse tout cet édifice longuement échaffaudé. J'aime beaucoup ça chez Alex Baladi, l'art d'envoyer paître le définitif. Lisez donc ses livres, ils disent beaucoup de belles choses.

lundi 16 juin 2008

José James - The Dreamer

Est-ce l'air du temps ou bien tout autre chose qui me fait frémir à l'écoute de ce disque tutuesque ? Ou bien est-ce simplement le talent éclatant de José James qui réalise vraiment la performance de faire apprécier une simple voix sur des accords de jazz ? Etonnant crooner latino qui emprunte autant au jazz vocal des annèes 50 qu'à la très grande classe soul de Gil-Scott Heron, qui évoque Martin Luther king dés le premier titre éponyme de son disque, the dreamer, qui commence avec une trompette aérienne simplissime, quelques accords plaqués sur un clavier, et cette voix qui murmure juste fabuleusement bien. Petit à petit, la musique s'amplifie et donne un corps à ce dreamer, la voix devient lumineuse, la trompette sonne le rappel douloureux, comme si elle souhaitait vider d'un soufle tous les champs de coton d'Alabama, la charley murmurante également, tout cela tient sur un fil tenu, brillant pour des débuts tout de même ! Et voici résumés et mis en application cent ans de musique noire-américaine, avec une voix formidable, un piano (Nori Ochiai) qui explose dés le second titre Velvet, un contrebassiste discret (Alexi David, sans aucun doute le point faible du groupe) et un batteur magnifique par instants (Steve Lyman), toujours sur Velvet où ses ballets s'envolent littéralement.
Un avertissement toutefois, José James propose à la simple écoute une musique tout aussi simple, mais qui se caractérise par l'extrême qualité de ses bases et des émotions qu'elle figure. Je dirais que cette musique à l'apparence d'une soupe daubesque à la Norah Jones mais qu'il faut au contraire s'accrocher pour en saisir toute la subtilité, que ce José James tient davantage du fils sprituel de Gil-Scott Heron croisé avec le timbre rauque d'Arthur H, ne nous y trompons pas, ce type là est un futur très grand. Même si José James, comme nom d'artiste, ça fait plus accolyte de Zorro que chanteur de Jazz, mais bon...
Donc trois titres en écoute, les deux ouvrent l'album, et le troisième, Desire est tout bonnement une merveille de souffle jazz, enjoy !



The Dreamer - Jose James

Velvet - Jose James


Desire - Jose James

dimanche 15 juin 2008

Al Green - Lay it down

Le nouvel Al Green est arrivé, il est distingué, printanier, full of love et plein d'autres choses encore. La production est assurée par ?uestlove et James Poyser, une partie des tout aussi distingués Soulquarians (feu ?), bref, du lourd derrière le micro et dans la salle de mixage : tout ce que j'aime. Et véritablement il faut avouer que le disque est réussi, bien qu'il faille d'emblée passer outre une pochette vraiment hideuse, mais Al Green est le maître 70's du genre... On est ici en terrain connu, savant remixage des ambiances soul seventee's, ça groove comme il faut, ça cause surtout love and love et re-love, mais c'est pas pour ça qu'on aime Al Green. On l'aime par ce placement si particulier de sa voix, son timbre riche et varié, la facilité de sa diction, son accent un peu marqué, bref, Al Green, c'est d'abord une voix unique. C'est ici que le choix de faire figurer Anthony Hamilton sur ce disque est une idée de génie, la relève incârnée du maître fait bien plus que de la figuration, le disputant au titre du plus beau phrasé sur deux morceaux magnifiques de simplicité : Lay it down et You've got the love I need.
On comprend par ce choix d'Hamilton l'intelligence de ?uestlove, grand admirateur d'Al Green et surtout grand rénovateur de la soul moderne, sa production est limitée, respectant les canons du genre : cuivres et basse / batterie cuisinées à point, quelques voix d'anges, et il s'offre même le luxe de réussir à faire bien chanter Corinne Bailey Rae (elle emprunte presque le timbre d'erikah Badu par moments).


Take Your Time (F/ Corinne Bailey Rae) - Al Green

Ruppert & Mulot - Le tricheur.

Ces deux-là sont terriblement irritants au moins autant que talentueux. Par ailleurs ils commettent depuis quatre albums chez l'Association des livres dont l'inventivité formelle et narrative ne souffre aucune concurrence dans le paysage bédéïste contemporain. Ca c'est pour le côté agaçant. Après, la lecture de quelques pages suffit à faire admettre l'extrême sensibilité de leur travail, c'est toujours juste dans les situations, très souvent cruel il est vrai mais quasiment jamais artificiel.
Ce nouvel album ouvre sa refléxion sur le monde de l'art, de la performance, de laquelle d'ailleurs Ruppert & Mulot ne sont jamais loin, il suffit de voir leurs scéances de dédicaces pour s'en convaincre. Le récit va réussir à mêler adroitement des séquences d'actions muettes et l'interrogatoire d'un témoin ou d'un suspect sur le déroulement de la scène. Véritablement l'effet est passionnant et déroutant, les passages muets réalisent des prouesses narratives rares, un découpage incroyable avec une action découpée au scalpel, ciselée superbement. Franchement, ça faisait longtemps qu'un découpage ne m'avait à ce point emballé, et même si cet album ne s'adresse pas à tout public, d'une part par la violence de ses scénes ( le lynchage, le viol notament), et d'autre part par son sujet même, il est néanmoins visible que narrativement, Le tricheur est une rareté, un concentré d'intelligence de mise en scène et qu'il risque de squatter certains podiums de palmarés cette année. Brillant.

vendredi 6 juin 2008

Bright Eyes - I'm wide awake, It's morning.

Celui-là va mettre tout le monde d'accord : dans dix piges, on s'en foutera tous royalement de ce qu'a bien pu devenir Bright Eyes. Et on aura tous un peu raison, parce qu'en ces années où il pleut des folkeux presque autant que des premières Dame de France, un gratteux pouilleux libidineux surement camé au pétard de moins, c'ets pas ça qui nous empêcherait d'aller boire l'apéro en terrasse, bien au contraire. Oui mais voilà, Bright Eyes, soit Conor Oberst de son petit nom, me chatouille quand même la dernière vertèbre sur une chason à la construction toute con, mais alors vraiment, avec un titre digne de l'invention d'un terminale passant le bac littéraire : First day of my life. Riez, allez-y, déchargez-vous ! Vous verrez, vous aussi vous l'aimerez secrétement ce titre. Il est con, ça pourrait être du James Blunt tellement l'intention est palpable, mais voilà, ça marche. Et toc.



The First Day Of My Life - Bright Eyes

je vous avais prévenus.

mercredi 4 juin 2008

Hinah.com

Je cherchais si Vincent Vanoli proposait un nouveau livre ces jours-ci. L'attelage remonte à l'année passée tout de même, mais quel livre ! Surement l'un des plus aboutis de son auteur. Bref, je cherchais à combler un manque, cet héroïsme doux vaguement réaliste mais qui emprunte toujours un peu aux romantiques du début 19ème. Vanoli est cet auteur rare qui concilie un dessin unique, le sien, et une écriture unique, la sienne. Personne ne dessine ni ne raconte des histoires comme Vanoli aujourd'hui.


Alors que j'espérais du nouveau je tombais sur du vieux, grâce à ce portail associatif un peu bancal, juste déstiné à promouvoir des artistes qu'il plait à ces gens de voir figurer ensemble (photographes, graphistes, musiciens, dessinateurs). Noble cause, aucun profit, juste un jardin sur la toile. Je vous laisse apprécier l'idée.


Ca se passe ici, chez http://exhib.hinah.com/index.php. J'y ai trouvé cette superbe image tirée du Décaméron de Vincent Vanoli.





Et encore une autre image, une peinture sur toile trouvée sur son site à lui : http://www.vincent-vanoli.fr/




dimanche 1 juin 2008

David Jimenez


Une image de réveil, après une sieste trop longue et trop chaude. On se réveille transpirant, laissant le drap mouillé, à la recherche d'une clope à fumer sur la margelle, au soleil.