mardi 30 septembre 2008

Leon Thomas - Blue and the soulful truth.


Parmi les choses que j'adore faire il y en a une qui me plait particulièrement, et qui plus est, elle est contingente du fait d'être parent, alors ne boudons pas notre plaisir, si rare. Prenez un bébé entre 0 et 12 mois, allumez la chaîne hi-fi, placez-y un disque, n'importe lequel. Je n'ai pas précisé qu'il était évidemment l'heure de la sieste vous l'aurez immédiatement compris. Bref, il faut que le mioche soit de bonne constitution, vous vous allongez sur le dos sur le canapé, le môme est placé sur votre bras gauche (ou droit, c'est pas non plus une science exacte), sa tête reposant sur votre épaule. C'est parti pour une sieste magnifique, entrecoupée alternativement de moments de veille et de réveil. Avec Colline notre disque de l'été était indéniablement l'album de José James, parfait en tout point, s'écoute même en dormant.
Ce disque de Leon Thomas convient lui aussi parfaitement. J'ai déjà parlé de Leon Thomas ici, pour n'en dire que du bien. D'ailleurs je ne retiens plus que le meilleur des artistes, on a bien trop peu de temps. Leon Thomas est un chanteur noir-américain, surtout connu pour ses apparitions fulgurantes aux côtés de Pharoah Sanders et surtout connu du grand public (ahahaha, trêve de taquinerie), et surtout inconnu tout simplement. Leon Thomas est un chanteur à la voix grave et puissante, jouant sur les mêmes tonalités profondes et denses que Gil Scott-Heron. Ce mec était incontournable pour le public noir des années 65 à 75. Leon Thomas participait aux grands enregistrements, sa voix "yodulait" comme personne, et ses textes libérait toute une population. Parce que bien sur des deux on retient (à peine) maintenant que Gil Scott-Heron bien entendu. Je lis partout quel grand poéte il était. C'est vrai. Et quel bon chanteur. Et c'est vrai également ! Quel sens du swing de la soul et du funk ! Bon dieu c'est vrai, archi vrai ! Mais merde, le gars Leon Thomas enregistre comme Scott-Heron chez Flying Dutchman, comme Scott-Heron c'est Bob Thiele qui s'occupe de ses sessions, et tout comme Scott-Heron Leon Thomas écrit de pures joyaux qu'il interprête comme personne. Je rappellerai seulement que Bob Thiele, c'est juste l'homme de John Coltrane, celui par qui Impulse! est devenu ce chantre de la new thing. Ca vous pose un mec.
Blues and the soulful truth fait d'abord immédiatement référence au The Blues and the abstract Truth enregistré dix ans plus tôt par Oliver Nelson et qui célébrait les racines blues de la New Thing. Ici Leon Thomas fait de même avec la soul et je vous l'ai déjà tartinné en long et en large sur ces pages, la soul c'est du blues ! Moi c'est même Sam Cooke qui me l'a appris. Bref il y a deux autres hommes importants sur cette session si l'on enlève Leon Thomas himself et Bob Thiele, ce sont Stanley Clarke d'une part, l'homme basse qui commence à jouer partout et à proposer partout son talent éclatant et d'autre part Pee Wee Lewis, producteur du disque mais aussi sideman de grand talent à l'alto-sax. Voilà donc ici réunis quatre grands talents plus une floppée de musiciens, l'esprit de John Lee Hooker est même convoqué le temps de la reprise de son Boom-Boom-Boom, et pour le reste, let's go soul-blues. L'album court sans anicroche et augmentant crescendo la filiation évidente soul-blues.
Alors si Leon Thomas n'atteind pas sur ce disque l'intensité d'Oliver Nelson sur l'album référant, il demeure tout de même un disque immédiatement agréable à l'oreille, un disque de soul-blues, de cette musique qui fait danser les gonzesses et sublime unpeu plus le peuple noir. Idéal pour la sieste.

Aucun commentaire: