mardi 21 octobre 2008

Sergio Toppi - Soudards et Belles Garces

Ca fait un moement que j'ai envie d'évoquer ici l'oeuvre de Sergio Toppi. J'attendais un pretexte et la sortie ce mois de Soudards et Belles Garces, un recueil d'illustrations publié chez Moquito, me permet d'aborder le travail du dessinateur italien. Et quel travail ! J'aime bien l'illustration présentée plus haut parce qu'elle traduit bien ce que représente pour moi Sergio Toppi. D'abord un dessin éclatant, ultra lisible malgré l'abondance de détails. Voilà un auteur qui dessine exactement ce qu'il veut, je trouve qu'on ressent indéniablement cette maîtrise dans ses dessins. Ici cela s'allie à une colorisation hors-norme et d'une beauté stupéfiante tant la gamme chromatique explorée est vaste. Au delà de ça, je retrouve bien dans ce dessin l'univers de Sergio Toppi, un peu daté, un peu comme si la Terre était toujours à découvrir. Toppi est un dessinateur navigateur, il oscille au gré de ses envies et des mythes qui ont façonné l'espèce humaine. Toppi s'intéresse énormément aux types et ce qu'ils symbolisent. Les faciès d'un indien, d'un africain et d'un maori sont autant de pretexte à l'exploration du visage, de la signification des lignes, des regards, des textures de cheveux, bijoux, parures, huttes, bateaux et pays. Toppi a cette force innée (en tout cas elle m'apparait comme telle) dans son dessin, comme une capacité à saisir. J'écrivais plus haut que selon moi Toppi était un dessinateur navigateur mais je pense que la symbolique de cette métaphore un peu bancale réside surtout dans sa force d'adaptation. C'est un dessinateur qui capte et ils sont peu nombreux à le faire aussi bien. Hugo Pratt, italien de la même génération que Toppi et Battaglia (pour en citer un autre grand), possède lui aussi résolument cette science de capatation de l'instant d'un visage, sa vérité.
Bon, j'ai l'impression d'en écrire des caisses alors que ce n'était pas du tout le but en commençant cet article. Bref, et pour revenir au bonhomme, on a la chance en France d'avoir ce magnifique éditeur, Moquito, qui réédite depuis plusieurs années maintenant toute l'oeuvre du dessinateur italien (entre autres). Cette oeuvre pas vraiement prolixe puisqu'en quarante années de carrière, Sergio Toppi ne nous aura laisser que peu d'albums, une vingtaine, beaucoup d'histoires courtes parues dans les fumetti italiens des années 60, un paquet d'illustrations également. Je retiens surtout ses albums mettant en scène Le Collectionneur, sorte de dandy à la Corto Maltese mais qui ne recule devant aucune difficulté, renaissant à chaque épisode. D'un noir & blanc somptueusement élégant, Toppi navigue entre légéreté et propos plus sombre, la décolonisation le disputant souvent au pillage des richeses indigènes. Encore un lien avec Pratt. A lire également un opus avec des histoires mélant vaudou et blues ainsi que ses somptueux Warramunga, Myetzko et Ile Pacifique.

2 commentaires:

Li-An a dit…

Je trouve ça très beau... mais un peu vain (surtout au niveau BD). Il y a une admiration mais un peu distanciée.

thyuig a dit…

moi c'est vraiment tout le contraire, dés qu'un album est annoncé, je me rue dessus, alors que ses albums regroupants des illustrations me laissent plus froids.